[Chronique] Un Noël à River Falls de Alexis Aubenque

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Fiche technique du livre
Auteur : Alexis Aubenque
Genre : Thriller
Année d’édition : 2010
Edition : Le livre de poche / Calmann Lévy
Prix : 7,50 euros TTC
Langue : Française
Nombre de pages : 572 pages

Synopsis
Alors que la petite ville de River Falls s’apprête à célébrer Noël, un drame vient raviver le souvenir des horreurs du passé : un adolescent est retrouvé mort dans une cabane au fond des bois, d’où un autre a réussi à s’échapper. Ont-ils été la cible d’un pervers sexuel ? S’agit-il d’une vengeance exercée contre le défunt, qui avait agressé un homosexuel ? Le survivant est issu d’une communauté religieuse installée dans un domaine ayant appartenu à un meurtrier en série. Simple hasard ?

Afin d’identifier l’auteur de ce crime, le shérif Mike Logan devra plus que jamais se méfier des apparences. Aidé de sa compagne, la profileuse Jessica Hurley, saura-t-il se défaire des idées préconçues sur les « monstres » qui nous entourent ?

Mon avis
Troisième volet de la saga River Falls initiée par le thriller 7 jours à River Falls, Alexis Aubenque nous propose un nouveau drame, au coeur d’une nouvelle saison…

   Un chauffeur de poids-lourd, un matin d’hiver. Un jeune homme affolé qui surgit sans prévenir des bois. Un accident inévitable, quasi mortel. Un corps d’un garçon de bonne famille retrouvé non loin… River Falls semble à nouveau tout près du désastre. Existe-t-il un lien entre ces adolescents ? Que s’est-il réellement passé, et surtout, qui est l’auteur de ce crime ? Des questions de taille, qui vont nous accompagner sur presque 600 pages.

   En tant que lecteur, Un noël à River Falls m’a dérouté au plus haut point. Durant la première grande partie du livre, j’ai trouvé l’ensemble tout simplement mauvais, médiocre et vraiment pas inspiré. On démarre avec une intrigue contenant tout ce qui a de déjà vu et aucune surprise ne semble se profiler… C’est de plus très prévisible, et en toute franchise, je pouvais déjà vous décrire les grandes lignes des 100 pages à venir. Un défaut que je considère absolument fâcheux tant j’attends du genre du thriller le summum de la surprise. Malheureusement, ma déception ne s’est pas arrêtée là… L’auteur sabote les autres éléments constitutifs de son récit en abusant gravement de clichés bidons sur les États-Unis et en affublant ses personnages de rôles inintéressants et horriblement limités. Sincèrement, j’étais tellement agacé que je comptais fortement stopper ma lecture. Agacé aussi car je sais qu’Alexis Aubenque dispose d’un certain potentiel à me distraire  -sans jamais tutoyer les ténors du genre- qu’il peut m’accrocher comme ce fut le cas lors de mes lectures des deux précédents tomes.

   Et c’est ce qui se produisit, d’où ma confusion grandissante. Au fur et à mesure de l’avancée de son récit, j’ai eu le sentiment que l’auteur se libérait, décidait de prendre les choses en main et de monter le niveau d’un cran. A compter des alentours de la 340ème page, c’est presque comme si une nouvelle personne s’était mise à l’écriture. Les personnages gagnent enfin en intérêt ; l’intrigue, bien que toujours aussi peu rythmée et hasardeuse (difficile de prévoir vers quoi on va se tourner), se met à surprendre et propose même quelques idées bienvenues jusqu’à m’emporter dans sa danse, et ce jusqu’au final que j’attendais avec impatience. Pourtant tout bonnement impensable au premier abord, la fin m’a beaucoup plu et j’ai même eu le droit à quelques frissons que procure le genre habituellement ! L’épilogue, volontairement très ouvert, m’encourage  même à lire la suite, ayant attisé ma curiosité.

   Car oui, avec Monsieur Aubenque, il faut s’accrocher. Le plaisir ne se révèle qu’après une longue attente. Par chance, la fluidité de sa plume est intacte et fait des merveilles. Sans être particulièrement jolie ou même recherchée, elle sait aller à l’essentiel et permet de faire défiler aisément les pages tout en écourtant les passages contenant des temps morts. Un bon point qui m’a aidé à passer outre de nombreux défauts, en particulier les discussions et autres descriptions de nos chers personnages. Je me dois d’aborder le cas du shérif Logan. C’est probablement l’un des personnages de littérature que j’apprécie le moins, juste ça. Professionnellement je me demande encore comment il peut être shérif. Déjà auteur de sacrées bourdes, il n’a pas l’air d’avoir gagné en réflexion ou en subtilité… À mon grand dam. Sa personnalité est toujours aussi creuse, aucune évolution ne se dessine. Quand je repense à la manière dont il traite la première partie de l’enquête, c’est juste ridicule. À croire que sans Hurley, il n’est rien. Heureusement que cette dernière remonte le niveau, tout comme sa copine et la gourou de cette chère secte, dont les réactions m’ont particulièrement amusé.

   Quelques mots sur le thème qui mérite d’être souligné tant son traitement est appréciable. Ainsi le thriller offre une certaine réflexion intéressante sur la différence et les choix, qu’il s’agisse de religion ou d’orientation sexuelle. Ces thèmes sont rarement abordés et je craignais que ce soit à la hauteur du reste : plein de clichés et avec peu de profondeur. Contre toute attente, Monsieur Aubenque m’a ravi par le traitement offert et la justesse de ses propos, en répercutant intelligemment ses convictions dans son intrigue. Les questionnements ne manquent donc pas : Faut-il redouter l’étrange communauté religieuse reculée au fin fond de la ville ? Les pédophiles sont-ils des homosexuels ? A l’heure des manifestations pour tous et autres guerres de religions, je ne peux qu’applaudir cette ouverture d’esprit.

   En conclusion, Un Noël à River Falls est une semi-déception. Clairement, il ne faut surtout pas s’attendre au thriller du siècle car c’est loin d’être un bon prétendant au podium. Si l’on sait passer outre ses très gros défauts, de ses clichés trop nombreux à son intrigue molle et à la première grande partie prévisible et agaçante, le charme peut tout de même opérer et notre patience sera récompensée par une deuxième partie bien plus accrocheuse et même surprenante à bien des égards. Toutefois, je regrette que de tels défauts existent encore dans un troisième tome d’une saga, là où j’attends une certaine maîtrise de l’œuvre et de son univers. Je tiens à souligner le bon traitement du thème choisi et je conserve une pointe de confiance pour la suite, en espérant être moins déçu.

Ma note : 12/20

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