[Chronique] Retour au pays : prélude à L’assassin royal et aux Aventuriers de la mer de Robin Hobb

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Fiche technique du livre
Auteur : Robin Hobb
Genre : Fantaisie
Année d’édition : 2007 (FR) / 2003 (VO)
Edition : J’ai Lu
Prix : GRATUIT !
Langue : Française
Nombre de pages : 124 pages

Quatrième de couverture
« Ce que l’esprit conscient ne perçoit pas, le cœur le sait déjà. Dans un rêve. j’ai traversé comme le vent ce désert des Pluies, en rasant le sol mou, passant au travers des ramures qui se balançaient. Insoucieuse de la fange et de l’eau corrosive, j’ai pu voir soudain la beauté aux multiples strates des alentours. Je me tenais en équilibre, oscillant, comme un oiseau, sur une fronde de fougères. Un esprit du désert des Pluies m’a murmuré : « Essaie de le dominer et il t’engloutira. Incorpore-toi à lui, et tu vivras. »

Mon avis
Depuis ma lecture du premier cycle de l’Assassin Royal, Robin Hobb est devenue l’une de mes auteures phares en matière de fantaisie. Ce n’est donc pas surprenant que j’envisage de lire Les Aventuriers de la Mer et que le premier tome se trouve dans ma PAL. Pour bien faire, j’ai quand même décidé d’attaquer Retour au pays qui se positionne comme un prélude aux « Aventuriers ».

   Écrit sous forme de journal intime, l’histoire nous plonge dans une époque où le calendrier des Lunes de « X » existait encore, sous le règne du très auguste et magnifique gouverneur Esclépius. Le personnage principal de ce récit est une dame, précisément Dame Carillon Valjine Rochecarre (!). Artiste de profession et noble de naissance, Carillon a épousé Jathan Rochecarre, noble de Jamaillia avec qui elle a eu trois enfants. Tout va plutôt bien pour cette famille de la haute société jusqu’au jour où commence son périple. Dès les premières pages, on comprend vite que ce voyage va être bien plus pénible que prévu. La traversée se révèle périlleuse, la météo n’étant pas au rendez-vous et Carillon étant enceinte, les conditions ne sont pas favorables à un bon voyage. Seulement, lorsqu’elle apprend qu’elle se dirige vers une terre inconnue, dite d’exil, parce que son cher mari a comploté contre le gouverneur, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase… En route alors pour une terre nouvelle, le Désert des pluies, et vers la découverte d’un nouveau foyer.

   J’étais heureux de retrouver la plume de l’auteure, toujours aussi efficace, mais moins lourde que pour ses autres récits. Ici, elle a tendance à aller davantage droit au but et même si sa « patte » est moins prononcée, je trouve que ça colle bien avec cette lecture sous forme de journal intime. Malgré la petitesse de la nouvelle, je me suis attaché relativement vite à cette noble qui voit son destin bouleversé pour la simple raison d’être la dame d’un traître. Tout au long du récit, Carillon ne cessera d’évoluer en tant que personne et j’ai vraiment apprécié voir son adaptation à l’environnement, aux personnages l’entourant mais aussi sa prise de conscience de son rôle de mère et de sa personnalité d’artiste. Je craignais que 124 pages ne soient pas suffisantes pour développer un personnage correctement mais j’avais tord. Robin Hobb a une réelle capacité à faire vivre son récit et les autres personnages ne sont pas en reste. Très différents, originaux et charismatiques, chacun bénéficie d’un caractère unique. J’ai notamment apprécié Rouaud et Eclaire en plus de l’héroïne.

   L’histoire avance relativement vite et c’est avec beaucoup de curiosité et d’amusement que j’ai découvert ce qui va devenir le Désert des pluies. Les descriptions sont excellentes et on imagine aisément cette terre mystérieuse, à la fois si hostile et accueillante, où tout est différent mais où la vie doit continuer. L’intrigue n’est pas très complexe et ne déborde pas de rebondissements inattendus. Elle se laisse suivre avec plaisir mais je ne pense pas que ce soit le point sur lequel l’auteure se soit focalisée. Clairement, le but de ce prélude est bien d’apporter un regard différent et de montrer, par les yeux de Carillon, les légendes entourant le fondement d’un pays culte que l’on retrouve dans les Aventuriers de la Mer, mais pas uniquement. En effet, c’est aussi l’occasion d’y parler « magie » et d’aborder, de façon un peu similaire d’ailleurs, un élément central vu dans l’Assassin Royal. Des clins d’œils qui apportent de la consistance à l’univers et qui raviront les fans à coup sûr. Là où l’auteure reste fortiche, c’est que même en écrivant un prélude se déroulant bien avant ses autres sagas, le mystère sur les Anciens reste toujours aussi bien conservé. On l’approche, on imagine et on recoupe des informations, mais on ne saisit jamais vraiment le mythe de ce peuple disparu. D’ailleurs, au vu des éléments développés dans Retour au pays, je recommande cette lecture aux amateurs de Hobb, ceux qui ont lu au moins un cycle de l’une de ses sagas, afin de mieux saisir les subtilités présentes.

   En conclusion, j’ai passé un agréable moment avec cette très courte nouvelle qu’est Retour au pays. Robin Hobb sait nous emporter dans son univers et apporte ici une nouvelle facette à ses sagas en présentant les pionniers du Désert des pluies. Subtile, l’auteure conserve le mystère des Anciens tout en continuant à nous faire imaginer et réfléchir sur son univers et ses mythes. Évidemment, avec 124 pages, il ne faut pas s’attendre à retrouver la richesse de ses autres œuvres. Il s’agit là, d’une mise en bouche, de qualité, qui permet de replonger dans un univers attractif et qui donnera surtout envie de se consacrer aux autres sagas de l’auteure, en particulier les Aventuriers de la Mer ou la Cité des Anciens.

Ma note : 15,5/20

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